12 September, 2008

René

To give a better idea of Chateaubriand's stamp of Romanticism (in his case, it might be more accurate to say "pre-Romanticism") I'm going to publish a small sample from René. The title character -suppsedly a literary version of Chateaubriand's younger self - narrates here. The emotional contortions he goes through in the text are fairly painful to follow, but not unconvincing. You can sympathize with René's troubles despite the fact that it's fairly obvious that what he needs is a good bash over the head with some common sense (G.K. Chesterton-style common sense - the kind that answers the tough questions of life and is blunt enough to tell people when to stop moping and start living). It's reassuring to know that Chateaubriand did return to the Faith shortly after writing this - the main character's despair would seem quite a bit bleaker without the background knowledge that this author at least, found what he was so melancholy without.

Sorry for the French to those who don't understand it. I'm going to post my translation directly after this, since this post is getting too long.

" La solitude absolue, le spectacle de la nature, me plongèrent bientôt dans un état presque impossible à décrire. Sans parents, sans amis, pour ainsi dire, sur la terre, n'ayant point encore aimé, j'étais accablé d'une surabondance de vie.
Quelquefois je rougissais subitement, et je sentais couler dans mon coeur comme des ruisseaux d'une lave ardente ; quelquefois je poussais des cris involontaires, et la nuit était également troublée de mes songes et de mes veilles. Il me manquait quelque chose pour remplir l'abîme de mon existence : je descendais dans la vallée, je m'élevais sur la montagne, appelant de toute la force de mes désirs l'idéal objet d'une flamme future ; je l'embrassais dans les vents ; je croyais l'entendre dans les gémissements du fleuve ; tout était ce fantôme imaginaire, et les astres dans les cieux, et le principe même de vie dans l'univers.

" Toutefois cet état de calme et de trouble, d'indigence et de richesse, n'était pas sans quelques charmes : un jour je m'étais amusé à effeuiller une branche de saule sur un ruisseau et à attacher une idée à chaque feuille que le courant entraînait. Un roi qui craint de perdre sa couronne par une révolution subite ne ressent pas des angoisses plus vives que les miennes à chaque accident qui menaçait les débris de mon rameau. O faiblesse des mortels ! ô enfance du coeur humain qui ne vieillit jamais ! voilà donc à quel degré de puérilité notre superbe raison peut descendre ! Et encore est-il vrai que bien des hommes attachent leur destinée à des choses d'aussi peu de valeur que mes feuilles de saule.

" Mais comment exprimer cette foule de sensations fugitives que j'éprouvais dans mes promenades ? Les sons que rendent les passions dans le vide d'un coeur solitaire ressemblent au murmure que les vents et les eaux font entendre dans le silence d'un désert : on en jouit, mais on ne peut les peindre."

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